Je sais que je t'ai depuis plusieurs années maintenant, depuis mon dixième anniversaire. Un joli petit journal bleu foncé avec des pages blancs cassées. Mais je n'ai jamais écrit à l'intérieur. Parce que je n'en ressentais pas le besoin... Jusqu'à aujourd'hui. Tu sais le truc disant que notre vie commence vraiment lors de notre entrée au lycée, je n'y croyais pas vraiment. Mais maintenant, je n'en suis plus si sûre. Car je crois que ma vie vient tout juste de commencer. Non pas le jour de la rentrée, mais quelques jours plus tard. Le lycée avait cette tradition idiote, enfin que je pensais idiote, de faire à chaque début d'année une réunion anciens et nouveaux élèves. Tout ça pour que ces derniers nous racontent leur parcours, ce qu'ils étaient devenus et tout ce baratin. En vrai, c'est simplement un prétexte pour faire la fête. Fête à laquelle j'étais venue avec mon meilleur ami, comme d'habitude. Mais là n'est pas la question. C'est ce soir-là que je l'ai rencontré. Il s'appelle Eden. Je pensais qu'il faisait également parti de la catégorie « nouveaux élèves », même si il était un peu vieux pour ça. Mais il était définitivement trop jeune pour faire partie de l'autre catégorie, à savoir ceux des « anciens élèves »... Et pourtant ! C'est lui qui est venu à moi et on a parlé toute la soirée. Il ne s'est rien passé de spécial, on a seulement parlé. Et pourtant, je crois que ce sera définitivement l'une des meilleures soirées de ma vie. Il est beau, il est intelligent, il est gentil... Il est tout simplement parfait. Oui, je sais, je ne l'ai vu qu'une seule fois, mais je sais déjà que je ne me trompe pas. On s'est échangé nos numéros et on doit aller boire un verre en ville dans quelques jours. Je n'ai pas envie d'attendre. Mais je ne serais certainement pas celle qui le contactera en première. Mais cela fait plusieurs jours maintenant, et je commence à m'inquiéter. Peut-être qu'il n'y a que moi qui ait trouvé cette soirée plaisante. Peut-être que je me suis faites des idées. Les mecs, ils disent que l'on n'est pas simple à comprendre, mais franchement il ne le sont pas plus. Je connais cette foutue règle des trois jours, mais là, ça en fait quatre ! Oh et puis, je vais lui envoyer un texto. Ce n'est rien un texto... Oui je vais faire ça. Je trouverais probablement que c'était une idée stupide après coup, comme à chaque fois que je fais quelque chose du genre, mais qui ne tente rien n'a rien. Alors je tente, et on verra bien.

Je suis diplômée ! Non mais tu y crois ? Moi Mailynn Grayson, je suis diplômée ! En plus, la cérémonie était géniale, comme on le voit dans les films en faite. Sauf qu'au lieu d'avoir des uniformes rouges ou bleus comme on peut le voir à la télévision, nous on en avait des jaunes. Des jaunes steuplé ! On ressemblait tous à des poussins. Mais bon, ce n'est pas ça qui allait me gâcher l’événement. Surtout que ce n'est pas la meilleure nouvelle de cette journée. Après ça, Eden et moi sommes sortis pour fêter ça. Pas faire la fête, mais une simple petite sortie en amoureux, comme je les préfère. On est d'abord aller se balader un peu en ville, avant d'aller se faire une toile. On n'est jamais d'accord sur les films que l'on veut regarder, alors pour que personne ne soit content, on est allé voir un film qu'on n'aimait pas tous les deux. On s'est fait royalement chier pendant une heure et demi. Mais on a bien rigolé. On s'est goinfré de pop corn, sans oublier d'essayer d'en balancer sur les autres spectateurs sans se faire repérer. Oui, on avait vraiment que ça a faire. Pas de jugement. Après ça, on est allé manger au restaurant. Comme à mon habitude, j'ai pris une entrecôte-frites alors qu'Eden essayait de me faire changer d'avis et d'essayer quelque chose de nouveau. Ce que lui a fait et j'ai évidemment piquer dans son assiette. Mais la meilleure partie de la soirée à été bien plus tard, alors qu'on s'était posé dehors dans un parc. On continuait de sa chamailler sur tout et n'importe quoi quand tout d'un coup, il s'est mis à genoux devant moi. Je crois qu'on est littéralement passé d'une conversation sur les poulets - les vrais poulets, pas les flics - à sa demande en mariage. Parce que oui, c'est ce qui se passait. Il était en train de me demander en mariage. Je ne vais pas retranscrire son discours parce que ce ne serait pas lui rendre justice. Évidemment, j'ai pleuré. Mais il aurait pu ne rien dire et juste se planter devant moi avec la bague que j'aurais aussi pleuré. Bague qui est juste sublime d'ailleurs. Je n'imagine même pas comment il a fait pour l'acheter. Depuis combien de temps il met de côté pour ça et depuis combien de temps il prépare son coup. Parce que c'est clair que cette bague, il n'aurait pas pu l'acheter du jour au lendemain. Mais il aurait pu me présenter une bague venant d'un distributeur automatique du supermarché du coin que cela n'aurait rien changé. J'aurais été aussi touché. Ah oui, le plus important, ma réponse : j'ai dis oui, évidemment.

Aujourd'hui, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c'est qu'Eden et moi emménagions ensemble. La mauvaise, c'est parce que mes parents m'avaient foutu à la porte. Je ne vais pas te faire un dessin, j'imagine que tu sais très bien pourquoi. Mais je me sens quand même le besoin de coucher ça sur le papier, alors nous y voilà. Eden et moi étions assis sur le canapé du salon chez moi. Enfin, chez mon ancien chez moi. Tout était comme d'habitude. Mes parents l'aimaient bien, Eden. Ils l'avaient toujours bien aimé. Cependant, je ne savais pas du tout comment ils allaient prendre la nouvelle. Mais je n'imaginais pas ça. Je n'imaginais pas qu'ils le prendraient comme la meilleure nouvelle du monde. Mais je n'imaginais pas non plus qu'ils le prendraient aussi mal. Dès que je leur ai montré ma bague à ma main gauche, ils ont tout de suite pété un plomb. Enfin, il leur à fallu quelques secondes pour réagir, et ensuite ils ont pété un plomb. Ils se sont levés, ont commencé à marcher dans tout le salon en secouant les bras dans tous les sens et en criant tout et n'importe quoi. Leurs arguments principaux ? « Non, mais tu ne vas pas te marier maintenant, tu n'as même pas encore dix neuf ans ! ». Ou encore : « Ce n'est qu'un amour de lycée, tu sais très bien qu'il y a de fortes chances que cette histoire ne dure pas ! ». Et celui que je préfère : « Tu es enceinte c'est ça ? Ça ne peut être que ça. Nous sommes trop jeunes pour être grand-parents ! ». Oui, j'avais dix huit ans et je voulais me marier. Mais non, je n'étais pas enceinte, j'étais simplement amoureuse. On en a tous les deux pris pour notre grade aujourd'hui. Et j'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à comprendre leur réaction. D'accord, je ne m'attendais pas à ce qu'ils me donnent leur bénédiction sans contrepartie. Je savais que j'étais jeune et je me doutais qu'ils n'allaient pas être d'accord. Mais au point de réagir comme ça, et surtout de me renier et de me mettre dehors si je ne changeais pas d'avis, c'est vraiment un coup dur à encaisser. Mais de toute façon, vu comment ils ont réagit, vu comment ils nous ont traité, je n'avais pas non plus envie de rester sous leur toit. De toute façon, Eden et moi on allait faire notre vie ensemble. Cela c'est seulement passé plus tôt que prévu. J'ai donc pris quelques affaires dans un sac, et j'ai pris la porte. Je laissais derrière moi mes parents, ma maison, mes souvenirs et je prenais un nouveau départ. Pour le meilleur et pour le pire.

Il faut savoir quelque chose sur mon meilleur ami et moi. On est inséparable depuis qu'on est en couche culotte. Littéralement. Nos parents étaient voisins et on a grandit ensemble. Il a toujours été là dans les moments où j'en avais besoin, et l'inverse est également vrai. Cette fois-ci n'échappait pas à la règle... Même si, comme avec mes parents, ce fut un peu mitigé. Aujourd'hui, Eden n'était pas avec moi quand je lui ai annoncé la grande nouvelle. Je n'en voyais pas l’intérêt. Je trouvais ça important que l'on soit tous les deux pour l'annoncer à mes parents. Mais à mon meilleur ami, je voulais le faire seule. Comme on l'avait toujours fait lorsque l'on avait une grande annonce à se faire mutuellement. Contrairement à mes géniteurs, il n'a pas mal pris le fait que j'allais me marier. Mais il ne l'a pas bien pris non plus. Eden et lui ne se sont jamais bien entendu. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi d'ailleurs. Mais tant que je pouvais continuer à entretenir des relations avec les deux et qu'ils entretenaient l'illusion d'une bonne entente pour me faire plaisir, je faisais comme si cela ne me dérangeait pas. J'aurais bien aimé qu'ils s'entendent, mais je ne vais pas non plus les forcer. Tant que je peux garder mon amour et mon meilleur ami près de moi, ça me va. Comme mes parents, il m'a fait comprendre que j'étais jeune pour me faire passer la bague au doigt et la corde au cou. Il a essayé de m'en dissuader, de me raisonner. Mais je ne voulais rien entendre. J'étais et je suis certaine de ma décision, j'avais seulement besoin d'un peu de soutien. Mes parents m'avaient renié et foutu à la porte. Je ne sais pas comment je réagirais si je perdais également mon meilleur ami. Il me connaît par cœur, et il l'a bien compris. Et même si il m'a fait comprendre qu'il n'était pas d'accord avec ma décision et qu'il pensait que je faisais la pire connerie de ma vie, il m'a aussi dit qu'il serait toujours là pour moi. Mariée ou non. C'est ce que j'avais besoin d'entendre. Je lui ai même fait promettre en nous serrant le petit doigt. On faisait ça quand on était petit et d'une certaine manière, c'est une tradition qui était restée entre nous. Il m'a alors pris dans ses bras et fait un bisou sur le front. A ce moment là, j'étais certaine de faire le bon choix. Parce que même si cela ne marchait pas avec Eden, mon meilleur ami serait toujours là pour me ramasser à la petite cuillère. Mais il n'y a pas de raison, je vais tout faire pour que ça marche. Je vais être le couple marié qui ne divorce pas.

Ça y est, c'est le jour J. Je me suis mariée tout à l'heure. Je suis officiellement devenue madame Mailynn Grayson-Mayfield... Même en l'écrivant, j'ai du mal à réaliser. Je ne sais d'ailleurs pas si je réaliserais un jour. Ça me paraît tellement surréaliste. Et pourtant, je suis si heureuse. Je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie. En faite si, je suis dans cet état depuis que c'est devenu sérieux entre moi et Eden. Le mariage ne fait que concrétiser ce fait. Et puis, je trouve ça important, cela veut dire aussi que je porterais le même nom que mes enfants. Ne crois pas que ce fut un mariage phénoménal comme en rêve toutes les filles. Ce n'était pas ça du tout. Mais c'était parfait quand même, car je me suis liée à l'homme que j'aime. Je n'avais même pas la grande robe blanche. Déjà, parce que je trouve ça un peu hypocrite de me marier en blanc. Je ne suis pas « pure » et je ne me suis pas mariée vierge. Mais aussi parce que je trouvais que ça ne se prêtait pas au décor : a savoir une église kitsch en plein milieu de Las Vegas avec un gros plein de soupe d'Elvis en tant que prêtre et deux inconnus rencontrés au coin de la rue en guise de témoin et de demoiselle d'honneur. Après, je n'avais pas un sac poubelle sur la tête non plus, il ne faut pas abuser. J'ai fais un effort, je ne me suis pas ramenée en jeans et en tongs. C'est mon mariage tout de même. J'ai mis une jolie petite robe couleur corail avec mes escarpins noirs. Peu importe. Pourquoi Las Vegas ? Parce que je ne me voyais pas faire une grande cérémonie à Philadelphie, tout simplement. Je ne voulais pas faire une grande fête alors que le cœur ni serait pas. Après tout, mon meilleur ami aurait été là, même si il n'approuvait pas ce mariage, et je pense que mes parents n'auraient même pas fait acte de présence. Donc je ne voyais pas l’intérêt de faire la fête si les personnes qui comptaient le plus pour moi n'étaient pas là. Alors une petite cérémonie privée avec seulement Eden et moi était ce qui me semblait le plus logique. Et le choix de la ville, disons seulement que ce fut un peu sur un coup de tête. Mon homme à proposé l'idée pour rigoler, et j'ai simplement rétorque « et pourquoi pas ! ». Ceci explique cela. J'écris donc ceci dans un magnifique hôtel en plein milieu du nevada. Mais je vais te laisser pour aller au lit, et oui la lune de miel commence. Je ne vais pas détailler je pense. Et puis, il faut aussi que je dorme un minimum, demain on se lève tôt. Quitte a être à l'autre bout des états-unis, Eden et moi avons décidé de nous faire un road trip en voiture dans tous le pays avant de rentrer à la maison. ++

Je suis enceinte. Je suis en cloque. J'ai un ****** de polichinelle dans le tiroir ! Je sais que je sors ça comme ça, mais il faut que ça sorte. Et puis, je ne me vois pas passer par quatre chemins. Et en même temps, je ne devrais pas être étonnée. J'aurais du m'en douter. Ça fait déjà quelques temps qu'Eden et moi on essaye d'avoir un enfant. Je ne pensais juste pas que ça arriverait si vite. Ou que ça arriverait tout court d'ailleurs. C'est tellement facile de se dire : tiens, et si on faisait un gosse. Mais maintenant qu'il est là, je ne sais juste pas comment me sentir. Je me sens seulement perdue et dépassée par les événements pour être honnête. Ce qui m'a mit la puce à l'oreille ? J'ai plus d'une semaine de retard. J'avais pris l'habitude de ne plus vraiment être réglée correctement depuis que j'ai arrêté la pilule, mais une semaine et demi ! C'est interminable quand on est dans ma situation. Alors ce matin, je suis sortie acheter un test de grossesse prétextant aller voir Jared. Je sais très bien qu'Eden ne l’appellera pas pour vérifier, et comme c'est à peine si ils s'adresse la parole, je sais que mon secret est bien gardé. Parfois, cela à des avantages qu'ils soient comme chien et chat. Je suis allée pisser sur le machin en sortant de la pharmacie, dans un café au coin de la rue. Encore une fois, attendre que le résultat s'affiche a été un enfer. Et doucement, deux barres se sont affichées. Deux barres ? Non mais sérieux, ils ne peuvent pas mettre un « + » ou un « positif » écrit en toutes lettres comme tout le monde. Je n'avais simplement aucune idée de ce que « deux barres » voulait dire. Et vu l'état de panique dans lequel j'étais - dans lequel je suis toujours - j'ai mis trois plombes à en trouver la signification dans la notice. Deux barres égal enceinte. Autant te dire que je suis immédiatement retourné me procurer un second test d'une marque différente. Et un troisième. Et un quatrième. Je crois bien que j'en ai acheté une dizaine. Mais c'était toujours le même résultat. Il n'y avait pas de doute. Pourtant cela ne m'a pas empêcher d'appeler le numéro au dos des boites pour être certaine de la fiabilité des tests ou d'être certaines qu'ils ne s'étaient pas mélangé les pinceaux dans la notice. Mais non, ils étaient tous très fiable et aucun d'eux n'avait fait d'erreur dans les instructions. Et tous, sans exception, m'ont félicité ! Que voulez-vous que je réponde à ça. J'ai dis merci et j'ai raccroché.

C'est officiel, je suis un monstre. Certes, je n'ai pas la peau verte, ni de cornes, ni de queue, mais je suis tout de même un monstre. Je n'arrive même plus à me regarder dans le miroir. J'ai mis un terme à ma grossesse. J'ai avorté. Eden n'était pas au courant que j'étais enceinte, je ne voulais rien lui dire avant d'être sûre de ma décision. Mais maintenant que j'ai pris cette décision irréversible, je ne peux juste pas le lui dire. Comment pourrais-je le lui avouer, alors qu'il pense qu'on essaye de fonder une famille, que j'ai justement mis un terme à cette famille. Ce n'était pas dur de le lui cacher, étant en prépa' en ce moment, je n'ai jamais été aussi prise que ces derniers mois. Et quand je n'étais pas dans mon assiette, je pouvais jouer l'excuse de ces cours qui me bouffaient la vie. Ça en dit long sur ma personne je crois. Je ne suis jamais descendue aussi bas. Je ne me sens pas prête à être mère. Pas alors que je commence à peine mes études. J'ai beau être mariée, je commence tout juste ma vie. J'ai même reçu ma lettre d’admission pour Princeton il y a quelques jours. Franchement, à la clinique, c'était horrible. J'ai failli rebrousser chemin plusieurs fois. Et maintenant que je ne l'ai pas fait, je regrette. Je ne regrette pas d'avoir avorté, je regrette de l'avoir fait en cachette. Je regrette de ne pas avoir été honnête avec mon homme. De ne pas lui avoir dit dès le début que j'attendais notre bébé. De ne pas lui avoir parlé mes doutes. Ce n'est pas compliqué, je suis bouffée par les regrets. Et mon acte ne fait que me sentir encore plus mal. Je n'ai beau avoir avalé qu'un petit cachet bleu, c'est comme si j'avais avalé de l’arsenic pur. C'est un poison. J'ai mis fin à la vie d'un petit être humain. Comment je pourrais être une bonne mère après ça ? Je ne suis pas rentrée directement après mon passage à la clinique. Parce que ce n'était vraiment qu'un passage. Et c'est ça que je trouve le plus horrible. Une fois que j'étais prise, en deux minutes c'était réglé. J'entre, il y a un bébé. Je sors, il n'y a plus de bébé. Je suis restée dehors, à marcher sous la pluie. Parce que oui, en plein milieu du mois de mai, il pleuvait. A croire que c'était fait exprès pour moi. Pour pouvoir cacher mes larmes. Le temps reflétait ce que je ressentais à l'intérieur... En moins violent. Parce que sinon, c'est un ouragan auquel on aurait eu droit. J'ai du rester comme ça dehors pendant plusieurs heures. Je ne sais même plus ce que j'ai sorti comme excuse à Eden en rentrant, mais je sais une chose : je ne peux pas lui dire la vérité. Jamais il ne me pardonnerait.

Presque un an c'est écoulé depuis cette fameuse journée. Depuis mon avortement. La vie à en quelque sorte reprit son cours normal. Enfin, façon de parler, parce que j'y pense quand même tous les jours. Vraiment tous les jours, sans exagérer. Et pour cause, j'ai commencé à reprendre la pilule. Alors à chaque fois que je mets ce petit comprimé dans ma bouche, je repense à ce que j'ai fais ce jour-là. Et a chaque fois que je mets ce petit comprimé dans ma bouche, je me sens coupable de le faire. Je te vois déjà dire que si je le voulais, je pourrais arrêter et tout avouer. Ne plus avoir le poids de ce secret sur mes épaules. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, crois moi. Et plus les jours passent, plus cela devient dur de tout confesser. Comme tu le sais, j'ai été accepté à Princeton. Croisons les doigts, j'espère bientôt valider ma première année. Mais ce que tu ne sais pas, c'est que Eden aussi est à Princeton, en tant que professeur. Et mon professeur par dessus la marché. Ce qui rend les choses un peu plus compliquées. Nous ne sommes pas en infraction, après tout nous étions mariés avant même d'arriver dans cette ville et dans cette institution. Mais quand on a su qu'il avait le job, on a purement et simplement menti sur notre identité. On ne savait pas si cela risquait de remettre en cause son offre d'emploi. Et si cela ne le faisait pas, les rumeurs mettent vite en péril un établissement comme celui-ci. Ils pouvaient très bien revenir sur leur décision pour la simple et bonne raison que certains étudiants mettaient son impartialité et son professionnalisme en cause. Je porte donc désormais mon alliance autour d'une chaîne à mon cou. Plus facile à cacher et à expliquer. Et au yeux de tous, je sors avec mon meilleur ami. C'est une stratégie qu'on a mis au point il y a peu de temps, alors que certaines personnes commençaient a avoir des doutes. Vraiment rien, mais on a préféré être prudent. Ce n'est pas pour faire plaisir à Eden, évidemment. Et j'avoue que c'est principalement une idée à moi. Mais je n'ai rien trouvé de mieux, et lui non plus, donc on fait avec ce qu'on a. Je passe d'ailleurs pour la fille la plus cocue et naïve de l'école. Parce que certes, aux yeux de tout le monde, Jared et moi sommes en couple. Mais, je ne peux quand même pas l'empêcher de profiter de sa jeunesse et de s'amuser. Donc je passe vraiment pour la fille donc le mec se fou royalement de sa gueule. Mais je m'en fou, je préfère avoir cette réputation plutôt que de mettre en péril le travail de mon mari.